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Egalim 2 La contractualisation obligatoire en bovins viande passe mal

Au nom du collectif « Agriculteurs et négociants solidaires », entre 400 et 500 manifestants ont défilé contre la contractualisation obligatoire à Aurillac, le 3 février 2022. Alors que le ministre de l’Agriculture était attendu au congrès de la Fédération nationale bovine, éleveurs et négociants ont bloqué les accès de la ville pour obtenir une entrevue.

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Le deuxième jour de l’assemblée générale de la Fédération nationale bovine (FNB), placé sous le signe de la contractualisation, a connu un début de matinée quelque peu mouvementé. Dès 8 heures du matin, 160 camions et une trentaine de tracteurs sont venus occuper les rues d’Aurillac, paralysant l’accès au congrès pour bon nombre de participants.

 

Après son passage à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) le 23 décembre dernier, le convoi sous la bannière « Agriculteurs et négociants solidaires » s’est rassemblé le jeudi 3 février. Leur objectif : manifester contre l’obligation de contractualisation, imposée depuis le 1er janvier 2022 pour certaines catégories de bovins à viande (1). Un signal fort alors que le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, venait justement échanger sur ce sujet, au congrès de la FNB.

 

> À lire aussi : Contractualisation, la loi Egalim 2 est « la dernière chance pour l’élevage allaitant » (04/02/2022)

Le programme du ministre bousculé

Contacté par La France Agricole ce lundi 7 février 2022, Jean-Paul Boyer, négociant dans l’Aveyron et membre actif du collectif, indique avoir sollicité le ministre de l’Agriculture à plusieurs reprises, en amont du congrès de la FNB. « Sans réponse de sa part, nous avons appelé la préfecture le matin même de sa venue à Aurillac pour réclamer une entrevue », explique-t-il.

 

N’obtenant toujours pas d’entretien, les manifestants ont alors bloqué les accès de la ville et contraint Julien Denormandie à annuler ses plans de l’après-midi (2).

 

Le convoi de bétaillères dans les rues d’Aurillac le matin. Des éleveurs et négociants venus des quatre coins de la France étaient présents (Charente, Isère, Rhône, Saône-et-Loire, Tarn, Dordogne…). © L. Pouchard/GFA
Un des camions posté à l’entrée de l’aéroport d’Aurillac le jeudi 3 février dernier. © Pierre-Antoine Fabre

Crainte d’un « modèle d’intégration total »

Voyant son programme tomber à l’eau, « Julien Denormandie a fini par nous recevoir durant 2 h 20 à la direction départementale des territoires (DDT) d’Aurillac, en présence de ses conseillers, du préfet et de la Draaf », poursuit Jean-Paul Boyer.

 

« Le ministre s’est dit prêt à entamer des négociations dans le cadre technique de la loi, mais il est resté très vague au sujet du contenu des aménagements proposés », rapporte Pierre-Antoine Fabre, un des quatre membres du collectif présent à la réunion, aussi président de la Fédération française des commerçants en bestiaux (FFCB) du Cantal et de l’Occitanie.

 

Une concession loin de satisfaire le collectif. « C’est le caractère obligatoire de la contractualisation qui nous dérange », poursuit Jean-Paul Boyer, qui l’assimile à une « dictature inadmissible ». « Nous craignons que la filière du bovin à viande se dirige vers un modèle d’intégration total », renchérit Pierre-Antoine Fabre.

 

« Ça commence à gronder dans les campagnes, appuie Jean-Paul Boyer, qui indique que les manifestations se poursuivront. © Pierre-Antoine Fabre

 

« Aujourd’hui, nous n’avons reçu aucun contrat de la part des éleveurs, ajoute Pierre-Antoine Fabre, négociant dans le Cantal. D’après nos collègues commerçants, c’est un constat à l’échelle nationale. Cela signifie bien que les éleveurs ne sont pas prêts, ou alors qu’ils n’ont pas envie d’aller vers cette voie. »

(1) Pour rappel, l’obligation de contractualisation exigée par la loi Egalim 2 s’applique depuis le 1er janvier 2022 aux bovins mâles non castrés de 12 à 24 mois, aux vaches et génisses à viande ainsi qu’aux bovins sous signe officiel de qualité.

(2) À l’issue du congrès, Julien Denormandie devait se rendre au collège Jules Ferry d’Aurillac puis à un laboratoire spécialisé dans la fabrication de ferments d’affinage pour la filière laitière. Il avait également prévu de visiter une exploitation laitière du centre du département (Cantal).

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